HEYA... Ça veut tout simplement dire... ELLE. Chrétienne
ou musulmane, elle existe encore, de nos jours, là-bas,
quelque part en Jordanie, dans la solitude du désert
ou dans le désert d’une grande ville. Elle est
seule, elle tremble, elle attend. Elle a transgressé
les lois ancestrales de la tribu. Elle a aimé, elle
a osé, elle a trompé, elle a fauté. L’honneur
est bafoué, elle doit expier. Pendant des jours, des
semaines, son père, ses frères, ses cousins,
tous les hommes de la famille l’avaient suivie, partout…Ils
l’avaient guettée, épié chacun
de ses gestes, contrôlé chacune de ses sorties.
Elle avait senti peser sur elle leur regard inquisiteur et
soupçonneux.
Heya, c’est ELLE, la rebelle. La peur s’était
emparée d’elle. Comment leur échapper
? Le suicide ? Solution lâche et indigne... La prison
? Se faire enfermer pour échapper à leur jugement,
comme d’autres s’y étaient résignées
avant elle ? Elles y croupissaient, seules, loin de tout...
Non, elle ne voulait pas s’exclure du monde, de la vie
qui s’ouvrait devant elle. Elle, elle allait lutter.
Seule contre tous. Pour que soient reconnus son droit à
la vraie vie, son droit à l’égalité,
sa liberté... Pour elle et pour toutes les femmes…
Un beau soir, ils se sont réunis. Tribunal familial
secret. Devant Dieu et les hommes. Ils étaient tous
là, les mâles de la tribu, farouches gardiens
de la chasteté de leurs sœurs et de leurs épouses.
Blessés... La honte s’était abattue sur
eux. Cette honte, il fallait la laver. Sauver honneur de la
famille. Elle doit PAYER... Elle a aimé, elle a fauté.
La sentence est tombée. La MORT...
Elle est morte. Assassinée par son frère aîné.
Dans l‘indifférence générale. Les
juges accorderont les circonstances atténuantes au
meurtrier. La loi du pays est ainsi faite, elle les protège.
On le condamnera à une peine de principe. Pire encore,
il sera acquitté. Et cela, de nos jours, quelque part
en Jordanie. Heya n’est pas morte pour rien. Elle vivra
encore longtemps dans le cœur et la mémoire de
celles qui grandissent là-bas. Elles poursuivront la
lutte pour la vie. Elles continueront à espérer.
Heya, c’est elle, c’est la FEMME.
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