Konrad Lorentz (1903-1989) est l’un des fondateurs de l’éthologie et un de ses représentants les plus connus du grand public. Ses ouvrages ne peuvent certes être considérés comme des œuvres littéraires, mais une bibliothèque est concernée par tous les livres et à ce titre les œuvres scientifiques y ont leur place.
A u-delà de l’image d’un homme nageant avec ses oies, il est l’un des fondateurs d’une nouvelle branche scientifique : l’étude du comportement animal qui devient rapidement celle du comportement des êtres vivants. Nous ne nous étendrons pas ici sur ses communications scientifiques qui lui vaudront en 1973, conjointement avec Von Frisch et Tinbergen le prix Nobel de physiologie et de médecine, mais nous parlerons de ses ouvrages plus généraux.
A u départ l’éthologie est plus une étude descriptive du comportement dans leur milieu naturel de certaines catégories animales, mettant en évidence, parfois contradictoirement ou successivement, le rôle des différents composants : l’inné, l’acquis, l’apprentissage, les conduites génétiquement déterminées. Après les années 60, Lorentz a étendu le champ de l’éthologie à l’ensemble des etres vivants y compris l’homme. Il a alors rédigé plusieurs ouvrages d’ensemble par exemple « l’Envers du Miroir « ou il tente d’établir une représentation hypothétique intégrant évolution biologique et évolution cognitive admettant que si l’homme n ‘est pas réductible à l’animal, ses systèmes perceptifs et ses moyens de connaissance ne sont pas étrangers au monde naturel.
L ’éthologie est peut être, dans le monde occidental, une des innovations les plus
importantes du siècle. L’homme est le seul primate ayant développé un langage symbolique à l’origine d’une auto représentation de la pensée pouvant se situer tant dans un passé non vécu que dans un avenir non immédiat. A l’origine il s’est instinctivement considéré comme le centre du monde et par déduction a organisé son imaginaire autour de lui. On constate qu’il a fallu qu’il accepte que la terre, donc son habitation, tourne autour du soleil et non l’inverse pour permettre un développement scientifique qui l’autorise à aller plus loin dans tous les sens du terme et de s’affranchir de sa condition terrestre.
S ans qu’il soit question de contester sa spécificité, le fait que l’homme accepte de se considérer comme un être vivant différent devrait lui permettre une évolution positive, permettant de repenser sa place non plus en opposition avec le reste de l’univers, en particulier avec le monde animal, mais comme en faisant partie.
L ’a priori opposant dans la pensée occidentale l’homme à l’animal n’ayant ni raison, ni sentiment est une façon grossière de nier la part de nature qui existe dans l’homme. On peut remarquer que d’autres cultures ont exploré d’autres voies. Les cultures primitives avec leurs formes diverses de Chamanisme, et surtout les cultures orientales : Bouddhisme, Hindouisme, Jinisme.
I l est probable que le développement futur de l’humanité passera par un élargissement impliquant une collaboration entre des sciences purement humaines : histoire, ethnologie, psychologie, et des sciences plus générales dont la biologie et l’éthologie. Cette évolution verra intervenir à coté des performances cognitives des notions de sensibilité et de compassion. Pour en savoir plus, lisez les ouvrages de Lorentz :
- Les fondements de l’éthologie, Flammarion
- L’envers du miroir, Flammarion
Consultez également les articles de l’Encyclopédie Universalis : éthologie, histoire de l’éthologie, fondement de l’éthologie, Lorentz, animalité.