Résistance(s)  : tel était le thème du Prix Ernaux 2005. Il s’agissait pour les organisateurs de s’associer à l’hommage rendu à ceux et à celles qui, dans notre commune, s’étaient engagés, au péril de leur vie, dans des actions contre les forces armées allemandes entre 1939 et 1944. Le choix de ce thème prolongeait le travail approfondi de recherches et de collectes de témoignages mené par notre association et qui avait abouti à la publication du Bulletin Municipal spécial intitulé Cinq années d’ombres et d’espoir à Saint-leu-la-Forêt, Des forces d’occupation aux voix de la Résistance. Les étapes de ce projet mené à son terme vous été présentées dans le précédent numéro de Signets (n° 10, mai 2005) et vous pouvez retrouver ce texte sur notre site internet : www.signets.org

Aujourd’hui, la Résistancerevêt, sur le terrain de la réalité, des formes toutes aussi multiples. Violence économique engendrée par un système mondialisé qui place l’argent bien au-dessus de l’être humain, exclusion sociale et ethnique, discrimination médicale entre pauvres et riches, la liste des motifs de résister est longue… Sans établir de hiérarchie, en cette période de vœux, notre association exprime plus particulièrement son soutien aux organisations qui agissent quotidiennement en faveur de la liberté de la pensée et de l’écriture. C’est le cas de Reporters sans Frontières, qui rappellequ’en 2004, 53 professionnels des médias ont perdu la vie alors qu’ils travaillaient pour nous informer. Actuellement, plus de 100 journalistes sont emprisonnés dans le monde pour avoir simplement voulu exercer leur métier. Emprisonner ou tuer un journaliste, c’est éliminer un témoin essentiel et menacer le droit de chacun à l’information. Pourquoi ne pas offrir l’un des trois calendriers ou l’album de photographies de Jean-Philippe Charbonnier mis en vente par Reporters sans frontières au profit des journalistes emprisonnés ?

Comment ne pas souhaiter également la libération d’ Ingrid Betancourt, otage depuis près de quatre ans des « forces révolutionnaires » mais, d’une certaine mesure aussi, du gouvernement de Colombie ? Son portrait se trouve actuellement sur la façade de la mairie. La municipalité de notre ville a en effet décidé de soutenir les initiatives en faveur d’Ingrid. En dehors de toutes considérations politiques - car les droits humains dépassent de loin les clivages partisans - nous formulons le souhait que sa force de résistance demeure vive et qu’elle retrouve bientôt sa liberté et ses proches qui ont tant œuvré pour elle !
Ingrid, dont le sourire n’est pas sans rappeler celui d’ Annie Ernaux , qui, dans la série "Chronique d'une absence", publié par Télérama écrivait à propos de la journaliste Florence Aubenas, alors otage au Liban : « Vos ravisseurs ont voulu nous jeter à la figure l'image brute de leur misérable pouvoir, celui de la force, qui est exactement, toujours, celui de la guerre. (…) La femme que je suis ne peut qu'admirer le courage et la liberté d'une autre femme qui a choisi de faire voir, entendre et ressentir cette vie des autres qu'on ne peut pas se représenter » . Evoquant le jour de la libération de Florence, Annie Ernaux concluait : Il y aura quelque chose de gagné sur la force, une lumière»

Résistance(s) pourrait donc être le thème permanent du Prix Annie Ernaux ! Mais avant de connaître le sujet du concours 2006, retrouvons ensemble l’auteure qui parraine notre Prix !