Au printemps
2002, notre association avait lancé l’idée d’une
manifestation annuelle consacrée à la poésie
dans notre ville. La Journée Saint-Leu-la-Poésie était
née. Pour sa 1ère édition, le 22 juin 2002,
nous avions reçu le poète Serge Martin qui avait su
faire « vivre » avec beaucoup de conviction des textes
d’auteurs contemporains (cf. Signets 3). Cette année,
c’est à une Balade en poésie que nous avions
convié la trentaine d’amateurs réunis au Foyer
Clairefontaine, le 29 mars en début de soirée.
Notre guide, pour cette randonnée… à pieds,
fut Gérard Noiret. Membre du comité de rédaction
des revues Europe et La Quinzaine Littéraire, Gérard
Noiret est l’auteur de plusieurs recueils de poésie.
A ce titre, il figure dans l’intéressante et très
utile exposition qui a séjourné en avril à
la bibliothèque Albert Cohen. Réalisée par
les bibliothèques du Val d’Oise regroupées dans
l’association Cible 95, cette exposition présente une
trentaine de poètes contemporains.
Amoureux des mots et des images, Gérard Noiret a l’art
de nous faire goûter les textes qu’il choisit. Entre
ses lèvres, Rimbaud, Verlaine, Baudelaire, René-Louis
Laforgue, ou Victor Segalen retrouvent leur âme et leur souffle.
Contrairement à l’idée souvent répandue,
un poète peut dire mieux que quiconque ses propres textes.
Gérard Noiret l’a démontré en interprétant
plusieurs de ses compositions. La comédienne Évelyne
Fort lui a en quelque sorte donné la réplique en mettant,
à son tour, en voix et en corps des poèmes de notre
invité. Une alliance bienvenue de sensibilités, de
présences et de tonalités complémentaires qui
s’éclairent mutuellement.
Cette balade fut aussi une rencontre entre
l’artiste et le public. Poésie ne signifie pas tour
d’ivoire. Vivement ému, Gérard Noiret nous signala
que certains de ses textes lus au cours de notre rencontre l’avaient
été également, il y a deux ans, à Bagdad,
lors d’un festival international. Il sut aussi nous rappeler
que la poésie est une philosophie de la vie. Dans l’existence,
comme dans l’usage des mots, « il ne sert à rien
de prendre des libertés pour en faire des lieux communs ».
Pour illustrer sa réflexion, il proposa au public quelques
jeux permettant de mettre en lumière le travail du poète
sur le (trop) visible et le (trop) réel. Dénonçant
le déballage sordide de la télé-réalité,
il estime que « la poésie, comme la bonne cuisine,
ne doit pas être trop élucidée, sous peine de
gâter la sauce ». La poésie est donc bien une
affaire de (bon) goût...
Un aperçu de la poésie de Gérard Noiret :
Zones - Quand elle se réveille, les entrepôts de brique et
la haute cheminée, comme la douleur à son doigt, ont
disparu. Mais il n’y a pas eu de baiser. Sur l’île,
au milieu du fleuve, s’étend un golfe où les
mouettes sont des feuilles arrachées vives d’une machine
à écrire. Extrait de Pris dans les choses, Éditions
Obsidiane (disponible à la bibliothèque)
|
|