Cette conférence comportait trois parties :
Bruno Leroux, Directeur historique de la Fondation de la Résistance, a, tout d’abord, présenté l’ouvrage :
« Dictionnaire Historique de la Résistance »
dont il a codirigé la publication dans la collection « Bouquins » chez Robert Laffont.
S’appuyant sur le plan détaillé de l’ouvrage qui a vu la contribution de 114 auteurs, il a dressé un panorama complet de l’aventure humaine que fut le combat de ces hommes et de ces femmes qui souffrirent parfois jusqu’au sacrifice de leur vie pour que renaisse la liberté.
Évoquant les différentes phases de l’évolution des écoles de recherche historique – depuis la création du Comité d’histoire de la 2° guerre mondiale, au lendemain de la guerre, jusqu’à l’ouverture aux chercheurs des archives publiques dans les années 1970 - il a tenu à apporter un certain nombre de correctifs aux clichés qui parcourent encore l’opinion et qui ont souvent présidé aux controverses les plus douloureuses de ces soixante dernières années : c’est ainsi qu’il a notamment fait ressortir comment l’opinion s’était détachée du régime de Vichy et ce , bien avant le basculement des opérations militaires en faveur des alliés, mettant ainsi à bas le concept si longtemps affiché d’une France collaborationniste et d’une Résistance opportuniste.
Parlant des hommes, des réseaux, de leur géographie et de leur sociologie, il a insisté sur les dates clés des grands événements (l’effondrement de juin 40, le STO) sur le rôle des obscurs et des sans grades (agents de liaison, opérateurs radio) qui apportèrent souvent beaucoup plus à la stratégie d’action que celui des états majors ou des personnalités.
En conclusion, et s’appuyant sur les recherches les plus récentes, que l’on retrouve au chapitre du dictionnaire intitulé « Anthropologie de la résistance », il a voulu saluer le sacrifice de ces vies qui, sans forcément avoir toujours été conduites à la mort, ont néanmoins été intensément consacrées à la création ou à la survie d’un mouvement, en «… une paradisiaque période d’enfer », comme l’écrivit Jacques Bingen dont une lettre a été lue au terme de l’exposé.
Laure Bougon et Aurélie Pol, de l’Association pour des Etudes sur la Résistance Intérieure (AERI) ont, en seconde partie, présenté le DVD Rom
« La Résistance en Ile de France ».
Lancé en 2004, cet ouvrage, qui fait partie d’une collection devant couvrir à terme tout le territoire, est le fruit du travail d’un réseau de chercheurs locaux de 70 personnes pendant 5 ans. Il intègre des fonds d’archives très variés dont certains peu fréquemment utilisés (Renseignements généraux de la police nationale, gendarmerie). Il présente l’avantage de répondre à la fois à des visées pédagogiques ou de recherche historique. Il comporte 1330 fiches et plus de 2000 documents d’archives sans oublier une chronologie de 6000 faits, des biographies, un glossaire et un film d’époque sur « la libération de Paris ».
En dernière partie, les organisateurs avaient convié Christian Decamps
qui fut au centre du travail de recherches réalisé par l’Association des amis de la Bibliothèque » et qui déboucha sur la publication d’une brochure intitulée « Des Forces d’occupation aux voix de la Résistance », diffusée à l’occasion du 60° anniversaire de la libération de la France.
Il a rappelé l’objectif de préservation du patrimoine familial qu’il poursuit et éclairé l’auditoire sur le rôle de son père le Commandant Robert Decamps qui, depuis sa maison de la rue de Chauvry, anima, dès juin 1940, un réseau de passeurs reconstituant le groupe intervenu lors du précédent conflit mondial sous le nom de « Jacquet de Lille ». Son action éminente se poursuivit durant toute l’occupation au sein entre autres des réseaux « Libre patrie » et « Arc en Ciel ». Créateur de la subdivision nord de Seine et Oise de l’Armée Secrète, il participa activement aux combats pour la Libération.
Le témoignage de M. Risso, « ancien » de « Libé-Nord » et de « Libre Patrie », que C. Decamps avait invité a particulièrement séduit le public par sa chaleur et sa spontanéité.
Christian Decamps a salué la présence de Marie-José Fackler,
membre d’une autre famille de résistants Saint loupiens, les Delcour, qui sauva de l’arrestation plusieurs réfractaires au STO, lors d’une « descente » de la milice à Bois Corbon en forêt de St Leu.
Il a évoqué longuement le Docteur Pascano , fondateur de « Libre Patrie » dont le petit-fils, empêché d’être présent , a rédigé une thèse d’histoire sur son grand-père et lu une lettre d’excuses de Guy Trinquet, 81 ans, qui habitait rue de St Prix à St Leu et fut l’un des premiers diffuseurs de la presse clandestine au sein des universités sans oublier Mme Mazingue de Franconville qui hébergea de nombreuses personnes recherchées.
L’Association des Amis de la Bibliothèque remercie tous les participants et rappelle qu’elle poursuit l’objectif d’une plus large transcription du patrimoine de notre ville sur cette période. A cet effet, elle fait appel aux personnes qui souhaiteraient être associées à ce travail de mémoire ou à celles qui disposeraient de documents ou de témoignages afin qu’ils puissent être recueillis.
Quelques références de sites internet :
Fondation de la Résistance :
http://www.fondationresistance.com/pages/accueil/
AERI :
http://www.aeri-resistance.com/
Amis de la Bibliothèque Albert Cohen :
http://www.signets.org/accueil.html